Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Mes chers amis.
C’est un grand honneur de m’exprimer devant vous à l’occasion de la 9eme édition du forum économique international de St. Petersbourg, dans le cadre prestigieux du Palais Tavricheskiy qui est le témoignage d’une grande histoire, d’une longue histoire qui nous invite en quelque sorte à inscrire nos travaux dans la longue durée.
Vous avez mis cette année vos débats sous le signe de « l’efficacité économique et de la qualité de la vie », dans la perspective notamment des évolutions lourdes de nos sociétés comme la mondialisation et la coopération internationale et régionale.
Je préside une assemblée politique européenne qui rassemble les représentants de quelques 200 000 collectivités territoriales européennes issues des 46 états membres du Conseil de l’Europe. Cette assemblée qui siège à Strasbourg dans cette grande organisation qu’est le Conseil de l’Europe, n’a pas à proprement parlé une vocation économique. Et cependant, c’est avec un grand plaisir que j’ai accepté votre invitation, car je voulais, vous apporter le message de l’autonomie locale et autour d’elle des valeurs que nous défendons au Conseil de l’Europe, la démocratie, les droits de l’homme, l’état de droit. Et si vous le permettez, en vous parlant du Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux et des valeurs qu’il défend, j’ai la conviction que nous restons au cœur de la thématique que vous avez choisi pour vos débats.
En effet, il n’y a pas d’efficacité économique et de qualité de vie sans le respect scrupuleux des valeurs de la démocratie et des droits de l’homme. Nos économies sont aujourd’hui en interaction permanente. Les échanges entre nos nations, échanges de biens, de services, de culture, et même d’idées, n’ont jamais été aussi élevés. Les mouvements des personnes entre nos pays n’ont jamais été aussi intenses. Cette tendance lourde de nos économies est consécutive au développement de la démocratie, je ne connais pas un seul décideur économique qui prendrait le risque d’un investissement dans un pays qui ne respecterait pas l’état de droit et les valeurs de la démocratie. La sécurité démocratique, l’esprit de liberté, la confiance dans les contrats fondée sur un état de droit, c’est tout un ensemble qui fait une économie dynamique et qui assure par là une nouvelle qualité de vie.
Pour ce qui nous concerne, au Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux de l’Europe, nous nous attachons à contribuer au développement de la démocratie locale et de l’autonomie locale.
Pour la plupart de nos nations, historiquement le débat entre le niveau étatique et l’autonomie locale n’a pas été facile. Souvent nos nations se sont construites sur la base d’un état fort qui par définition a peu respecté l‘autonomie locale. Aujourd’hui il en va autrement. Les gouvernements ont compris l’importance de la démocratie locale. A cet égard, le Conseil de l’Europe a été véritablement un précurseur en Europe pour installer solidement ce principe au cœur de la démocratie moderne. Une répartition équilibrée des pouvoirs et des compétences aux niveaux national, régional et local est désormais un élément incontournable de la bonne santé de nos démocraties.
Un principe préside à la répartition équilibrée des compétences, c’est le principe de subsidiarité qui a été consacré pour la première fois en 1985 dans la Charte européenne de l’autonomie locale, dont nous fêtons cette année le vingtième anniversaire. Cette convention a été signée et ratifiée par 41 de nos 46 Etats membres, elle est le signe tangible des progrès réalisés dans les esprits comme dans la réalité.
J’ai l’habitude de dire qu’il n’y a pas de démocratie sans démocratie locale et dans le contexte politique actuel en Europe, la démocratie locale est appelée à jouer un rôle accru dans la revitalisation de nos démocraties. Nous traversons à divers degrés, ici et là, une crise de la représentation politique.
L’abstention électorale entre autre, le vote extrême ou encore récemment en France et au Pays Bas les difficultés rencontrés par le traité Constitutionnel de l’Union Européenne et plus généralement, la crise de confiance à l’égard du personnel politique témoigne de la profondeur de cette crise. J’ai la conviction qu’il nous faudra redonner confiance aux citoyens en passant par la démocratie locale, par la démocratie vecue au quotidien, au plus près des citoyens.
C’est cette démocratie authentique concrète, qui peut redonner goût et confiance à la politique.
Parlant à St. Petersbourg, je ne vous cacherai pas que cette conviction de l’importance de la démocratie locale en Europe vaut, bien sur, pour la Russie. Nous avons depuis quelques années un dialogue franc avec la Fédération de Russie pour inciter à un développement équilibré de la démocratie locale, avec les difficultés propres à l’immensité de ce territoire et à la complexité des structures juridiques concernées. Nous recevions, il y a quelques jours à Strasbourg, lors de notre 12e Session, le Ministre des collectivités locales, Vladimir Yakovlev. Il nous a fait part de l’avancement des reformes et j’ai le sentiment que les tout derniers développements de la Fédération de Russie s’oriente dans la bonne direction.
C’est pour nous un message d’espoir dans l’autonomie locale. C’est une bonne nouvelle pour la Russie, mais c’est aussi une bonne nouvelle pour toute l’Europe.
Je vous remercie de votre attention.