Au cours des vingt et un derniers mois, le Darfour a été le théâtre de terribles violations des droits humains, perpétrées par les forces gouvernementales et leurs milices alliées. Ces violences ont provoqué le déplacement forcé d’un million et demi de personnes. Certaines ont été attaquées, des femmes ont été violées, d’autres personnes ont été enlevées, leurs proches ont été tuées, tandis que leur village a été pillé et incendié. Malgré ses appels à l’aide, cette population n’est toujours pas protégée et reste privée de justice.
Les victimes qui osent parler font l’objet d’un harcèlement et d’une intimidation de la part des forces de sécurité gouvernementales, alors que les responsables présumés des exécutions extrajudiciaires, des meurtres, des viols et des très nombreuses attaques demeurent en liberté. Les Darfouriens (notamment les personnes déplacées et les habitants des villes), les défenseurs des droits humains et les avocats sont fréquemment victimes d’arrestation et de détention arbitraires. Ces pouvoirs conférés aux forces de sécurité, en principe dans le but de protéger le pays, sont en fait utilisés pour torturer la population en toute impunité.
Le système juridique a besoin d’être revu en profondeur. En raison de ses failles et de sa partialité, il n’a pas la capacité ou la volonté d’obliger les forces gouvernementales et leurs alliés des milices à rendre des comptes au sujet des violations massives du droit international. Les enquêtes sur les violations commises au Darfour – lorsqu’elles sont menées – se caractérisent par de profondes carences. Les procès inéquitables sont la norme et les tribunaux spéciaux qui rendent une justice sommaire n’incitent pas à avoir confiance dans la capacité du pouvoir judiciaire à remédier à la situation.
Les États ne doivent pas tolérer que les violations des droits humains se répètent éternellement au Soudan. Les médiateurs qui participent aux négociations de paix au Soudan et au Darfour doivent débattre des modifications à apporter aux lois relatives à l’état d’urgence et faire en sorte que les millions de victimes des graves atteintes aux droits humains obtiennent justice.