Le Groupe de personnalités de haut niveau a rendu officiellement son rapport sur les menaces, les défis et le changement au Secrétaire général, qui a souscrit pleinement à ses grandes orientations, avant de procéder au Siège de l'ONU à sa présentation publique au cours de laquelle son Président a estimé que les conclusions d'un an de travail n'étaient que le départ d'un long processus de réformes urgentes pour adapter le système des Nations Unies aux réalités du monde actuel.
Le Président du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, Anand Panyarachun de la Thaïlande, a présenté aujourd'hui au Siège de l'ONU à New York son Rapport intitulé «Un monde plus sûr : notre affaire à tous», après l'avoir remis officiellement au Secrétaire général.
« Après un an de travaux, c'est un rapport substantiel que nous rendons, dont nous espérons qu'il facilitera le programme de changement du système des Nations Unies », a déclaré Anand Panyarachun, qui a précisé que « c'est sur l'interconnexion des menaces que s'est concentrée le Groupe », puisque dans le monde actuel, une menace à l'égard d'un Etat représente une menace pour tous.
« Nous avons évalué les performances de l'ONU par le passé, et nous en avons conclu que l'Organisation ne recevait pas la reconnaissance qu'elle méritait ». L'ONU a aidé à mettre fin à de nombreuses guerres civiles ces 50 dernières années, à empêcher la prolifération des armes nucléaires et à contenir la diffusion de certaines maladies infectieuses, comme le SARS », a-t-il estimé, ajoutant néanmoins « qu'au XXIème, il fallait examiner les nouveaux acteurs, les nouvelles circonstances et les nouvelles menaces, notamment pour renforcer les mesures de prévention : le suivi, les inspections, la médiation, le maintien et la consolidation de la paix ».
Harlem Brundtland, de la Norvège et membre du Groupe, a souligné que la sécurité collective doit se fonder sur des Etats efficaces et responsables, en tant qu'entités au premier front de toutes les menaces décrites dans le rapport (voir sur les menaces identifiées par le Groupe, notre dépêche du 1er décembre 2004).
En conséquence, c'est le développement, moteur du renforcement des Etats, qui doit être la première mesure de sécurité collective, a-t-elle souligné. « Combattre la pauvreté ne fera pas que sauver des millions de vie, mais permettra de renforcer la capacité des Etats à lutter contre le terrorisme, le crime ou la prolifération ».
« C'est une stratégie qui est dans l'intérêt tant des Etats développés qu'en développement », a-t-elle estimé, rappelant que s'ils étaient parvenus à un consensus sur la Déclaration du Millénaire (cf. Objectifs du Millénaire pour le développement) et sur ses suites, ces objectifs étaient encore loin d'être atteints.
Pour le Groupe de personnalités, la contribution à l'assistance au développement, notamment en y affectant 0,7% du PNB est si importante qu'elle fait partie des critères retenus pour savoir si un Etat contribue suffisamment à l'Organisation et s'il est éligible à un poste au Conseil de sécurité, a souligné Mme Brundtland.
Cette dernière a estimé par ailleurs que l'ONU devra faire plus pour aider les Etats à se relever d'un conflit à toutes les étapes et que c'était notamment l'objectif de la création d'une nouvelle institution, la Commission de consolidation de la paix.
Répondant, après son intervention, aux questions de la presse sur le calendrier de mise en oeuvre des mesures, le Président du Groupe, Anand Panyarachun, a indiqué que certaines mesures pourraient être mises en oeuvre dès à présent ou après consultations mais que d'autres représenteraient un processus de longue haleine, notamment pour modifier la Charte des Nations Unies.
Stephen Stedman, Directeur de recherche du Groupe, a rappelé qu'après la remise de son rapport par le Secrétaire général en mars prochain, un processus intergouvernemental serait lancé avant le sommet de septembre 2005. Selon lui, le rapport du Groupe de haut niveau servira donc de « composante paix et sécurité » de l'évaluation de la Déclaration du Millénaire.
Interrogé sur l'importance de la réforme du Conseil de sécurité et sur sa pertinence, le Président du Groupe a rappelé que la question était à l'ordre du jour depuis longtemps. « Certains Etats qualifiés « d'Etats ennemis » figurent à présent parmi les dix premiers contributeurs de l'Organisation, en termes de maintien de la paix, de contributions volontaires, de soutien diplomatique », a-t-il rappelé.
« Tout le monde reconnaît donc la nécessité de procéder à une réforme de la Charte, notamment concernant les organes principaux » pour refléter la réalité politique et la distribution géographique du monde, a-t-il souligné, expliquant que ce n'est qu'après un « très long débat » que le Groupe était parvenu à deux modèles principaux pour la réforme du Conseil de sécurité (voir à ce propos notre dépêche du 30 novembre 2004).
Interrogé enfin le coût de la réforme, Stephen Stedman a rappelé que toute prévention efficace d'un conflit permettrait de faire des économies substantielles en matière de maintien de la paix, sans même parler de la prévention d'une attaque terroriste nucléaire.
« En définitive », a déclaré le Président du Groupe, « c'est aux Etats qu'il revient de décider s'ils veulent une ONU efficace ou non».
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