A l'occasion du dixième anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) du Caire de 1994, une Déclaration des dirigeants mondiaux a été présentée aujourd'hui au Siège de l'ONU à New York, par la Fondation des Nations Unies de Ted Turner et par l'agence de l'ONU pour la population, l'UNFPA.
Présentée comme l'une des « grandes conférences de l'ONU », l'une de celles ayant remporté un grand succès, le directeur de la Fondation des Nations Unies, Tim Wirth, a indiqué que le financement de ses objectifs avait été presque complètement débloqué, 15 milliards de dollars ayant été fournis sur les 18,5 milliards de dollars prévus.
La « Déclaration des dirigeants mondiaux » revêt une importance particulière, a-t-il souligné, notamment pour réitérer que, alors que l'attention de la majorité de la planète est fixée sur les conflits et les zones de tension, il existe un autre programme qui attend d'être mis en place, la lutte pour améliorer la vie des êtres humains.
Ce faisant, ils affirment que « la guerre en Iraq n'est pas la seule priorité mondiale ».
D'autre part, a-t-il poursuivi, la Conférence est un succès : la mortalité infantile et le taux de fertilité sont en baisse, le contrôle des naissances est en progrès, l'espérance de vie en croissance et le financement en augmentation.
« Il n'y aura pas de Conférence d'examen des objectifs du Caire », a rappelé Tim Wirth, qui a souligné que cette Déclaration était une façon de réaffirmer le soutien du monde à la Conférence.
La Déclaration des dirigeants mondiaux a été signée par 85 gouvernements dont tous les membres de l'Union européenne, le Canada, le Japon, 45 pays en développement dont l'Indonésie, la Chine, la plupart des Etats d'Amérique latine et centrale et parmi eux, le Brésil et le Pérou, ainsi qu'une grande partie de l'Asie du Sud-Est.
L'ont également signée 22 ex-dirigeants, dont Bill Clinton et Jimmy Carter, des activistes des droits de l'homme, des hommes d'affaires dont Ted Turner, et des représentants d'Organisations et institutions internationales, outre des représentants religieux et des scientifiques (voir la liste complète sur la page de la Déclaration des dirigeants mondiaux »).
L'homme d'affaires Ted Turner, créateur de la Fondation des Nations Unies, a rappelé qu'il était difficile de croire que dix ans s'étaient déjà écoulés depuis la Conférence du Caire et s'est dit honoré de lire la Déclaration.
Cette dernière rappelle qu'à la Conférence du Caire, les dirigeants mondiaux ont convenu d'un « Programme d'action visant à assurer l'accès universel à l'information et aux services de santé en matière de reproduction, à faire respecter les droits fondamentaux de la personne, notamment les droits en matière de sexualité et de reproduction, à réduire la pauvreté, à promouvoir l'égalité entre les sexes et à protéger l'environnement ».
Si « d'importants progrès ont été réalisés », notent les dirigeants signataires, « il reste beaucoup à accomplir ».
« La génération d'adolescents la plus nombreuse de l'histoire - plus d'un milliard de jeunes gens - arrive maintenant à l'âge adulte dans un monde en transformation rapide. Des difficultés majeures subsistent encore: l'accroissement exponentiel du VIH/sida, les niveaux élevés et persistants de mortalité et de séquelles évitables engendrés par des complications lors de la grossesse et de l'accouchement, l'accès insuffisant aux services de planification familiale et la faiblesse des systèmes de santé publique ».
« Nous sommes inquiets de constater que l'écart entre les riches et les pauvres continue de s'accroître », déclarent les dirigeants et personnalités signataires, « et que des millions de gens du monde entier - et plus particulièrement les femmes et les jeunes - sont fortement vulnérables à l'infection par le VIH/sida, à la coercition et la violence sexuelles, à la discrimination, et à d'autres violations de leurs droits fondamentaux ».
En conclusion, ils lancent un appel « aux dirigeants de l'ensemble des secteurs de la vie sociale » à se joindre à eux pour « réaffirmer la vision déclarée lors de la CIPD, une vision de développement humain, de justice sociale, de progrès économique, et de préservation de l'environnement » et à la communauté internationale, aux gouvernements nationaux et aux organisations privées philanthropiques à rendre prioritaire et à financer le Programme d'action de la CIPD.
« Je pense que cette déclaration couvre la majorité des problèmes qui affectent le monde », et qu'il reste une large marge d'amélioration des conditions de vie, a déclaré Ted Turner, qui a réaffirmé son attachement à la planification familiale et à son importance pour « stabiliser la population mondiale autrement que par la maladie et la faim », rappelant également que le meilleur moyen d'éviter les avortements était de favoriser la planification familiale.
La directrice du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), Thoraya Obaid, de l'Arabie saoudite, a par ailleurs souligné l'importance de la Conférence du Caire en tant que programme stratégique pour promouvoir le bien-être humain, atténuer la pauvreté tout en accordant plus de responsabilités aux femmes, et en mettant notamment à leur portée la santé en matière de reproduction.
Pour ce faire, il est important de faire participer l'ensemble de la société et pas seulement les gouvernements, a-t-elle souligné, précisant que « la Déclaration des dirigeants mondiaux complète les engagements réitérés par les gouvernements lors des conférences régionales organisées par l'UNFPA en préparation du dixième anniversaire » de la Conférence du Caire.
Interrogée sur le point de savoir pourquoi l'anniversaire n'était pas marqué par une conférence d'examen, comme cela avait été le cas il y a cinq ans, et si cela avait un lien avec l'administration du Président des Etats-Unis, George Bush, Thoraya Obaid a répondu qu'en accord avec le Secrétaire général de l'ONU, il avait été conclu qu'il serait plus efficace d'agir au niveau national ou régional et de laisser à l'Assemblée générale le soin de procéder à la commémoration, à laquelle participerait de nombreux dirigeants, y compris ceux des Etats-Unis.
« Le but est de rassembler plutôt que de diviser », a-t-elle précisé.
Interrogé à nouveau sur le fait de savoir s'il avait été demandé à George Bush de signer, et si le financement de l'UNFPA avait été affecté par le refus de l'administration américaine de débloquer les 34 millions de dollars votés par le Congrès, le Directeur de la Fondation a répondu que la Déclaration avait bien été soumise au Président des Etats-Unis et Ted Turner a précisé « qu'il avait peut-être oublié » de la signer.
Thoraya Obaid a précisé que le financement avait été comblé notamment par les pays européens et par des contributions du public américain directement tandis que la base des pays donateurs s'était fortement élargie.
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